Circulations Posthumes

“La thanatologie est l’étude des mécanismes et des aspects médico-légaux de la mort. Aussi sombre que ce sujet puisse paraître, il est au centre du projet artistique que développe Clothilde Sourdeval depuis 2018. Cet objet de réflexion des plus délicats s’incarne au travers des œuvres Circulation Posthume, Capital III et 36. Inspirée par des écrits scientifiques et des rencontres, l’installation Circulation Posthume est réalisée à partir de matière disparates tels que le savon, la résine ou le latex. Sur une nappe fluide tel un liquide en expansion se décèlent ça et là des fragments fossiles de membres et d’objets : des phalanges détachées de leur main, une boucle de ceinture, une chaussure ou encore un pied. Parmi ces éléments reconnaissables, d’autres fragments aux formes organiques semblent se fondre peu à peu dans la masse et disparaître. Autant de souvenirs d’éléments vivants, autant de composition et décomposition qui instillent le trouble, qui chosifient le corps et le fétichise. Mais malgré l’aspect morbide et dérangeant, ces œuvres ne sont-elles pas le témoignage d’un hommage profond au vivant ?

Au-delà des techniques qu’elle emploie, la pratique artistique de Clothilde Sourdeval s’est en grande partie toujours consacrée à déstabiliser notre rapport aux corps. La ligne de son crayon cherche à briser l’anatomie humaine et à la rendre, la plupart du temps, presque méconnaissable. Le corps est ainsi froidement considéré comme objet d’étude et de réflexion. Des images qui en résultent émanent une inquiétante étrangeté, une sensualité morbide aussi fascinante que dérangeante.”

Gwenaëlle De Spa.